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CA n°36 (à paraître)
Agriculture végane
Des agriculteurs parlent de leur expérience
Bérénice Riaux et Clèm Guyard
L’agriculture végane est un mode de production agricole pratiqué sans aucun intrant d’origine animale, respectueux de l’environnement, qui cherche à être favorable aux animaux sauvages et à leur nuire le moins possible.
À l’heure où cette question primordiale – nourrir toujours plus d’humains qui se comptent désormais par milliards – taraude économistes, politiques, humanitaires, agriculteurs et environnementalistes, savoir que l’agriculture végane est une réponse crédible est déconcertant de simplicité. Si elle s’avère légèrement moins productive que d’autres techniques agricoles, elle possède l’énorme avantage d’être pérenne, ce qui n’est pas le cas de l’agriculture conventionnelle qui détruit et stérilise les sols tout en dépendant énormément du pétrole, bien sûr pour les machines mais aussi pour la fabrication des engrais et autres pesticides. De plus, « moins productive » ne veut pas dire moins rentable pour l’agriculteur, ce dernier ayant moins de dépenses à effectuer pour ses cultures.
Techniquement, l’agriculture végane repose sur l’enrichissement permanent du sol (couverture végétale, paillage, engrais verts, BRF1) et la formation d’une couche d’humus, c’est-à-dire sur le maintien d’un sol vivant et aéré, sur la rotation des cultures, la sélection des semences (adaptées à la région) et, pourquoi pas, l’utilisation de purins et de compost végétaux.
Elle refuse de recourir aux intrants d’origine animale si fréquemment utilisés par ailleurs et particulièrement en agriculture biologique, ce qui soutient les élevages et les abattoirs qui valorisent ainsi les fumiers, le sang, les cornes, les os ou les plumes. L’agriculture végane cherche de plus à protéger les animaux sauvages, ou au moins à leur être la moins néfaste possible, par exemple par la création de zones refuges, par le maintien des haies qui, en plus de retenir les sols et l’eau, leur fournissent nourriture et habitat, ou par le fait de pratiquer les opérations de fauchage moins rapidement afin de laisser aux animaux la possibilité de fuir vers les zones refuge.
L’agriculture végane s’inscrit ainsi dans une vision globale et à long terme du monde, une vision où les humains sauraient enfin partager espace et ressources avec les autres animaux, sans les exploiter et en tentant de les aider. Encore marginale et trop peu connue, l’agriculture végane n’en constitue pas moins une pièce maîtresse dans l’élaboration d’un monde meilleur pour tous les êtres sentients, un monde sans élevage, ce qui mettrait fin à l’asservissement d’innombrables animaux, et libérerait aussi des millions d’hectares de terres arables aujourd’hui accaparés par cette pratique mortifère et polluante – autant d’espaces rendus disponibles pour pratiquer l’agriculture végane, planter des forêts, créer des parcs et des refuges pour les animaux.
Dans ma brochure Agriculture Végane, publiée en juin 2013 par l’Association Végétarienne de France, j’expose l’essentiel des techniques et présente l’éthique et les perspectives de ce mode de culture. Dans les deux entretiens qui suivent, et qui ont été réalisés par Bérénice Riaux, Marie, Pascal et Thierry, respectivement maraîchers et céréalier, expliquent leur cheminement jusqu’à l’agriculture végane et en détaillent plus concrètement la pratique. Je leur laisse la parole.
Clèm Guyard
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