Sentience

Student Network for animal rights | Réseau animaliste étudiant

[Article] La prédation : faut-il intervenir dans la nature ?

Vous trouverez dans cette section de la documentation et des débats spécifiquement destinés aux militant-e-s en devenir. L'objectif n'est pas de vous convaincre que l'exploitation des animaux est une mauvaise chose et qu'il faut militer contre, mais de vous aider à réfléchir aux revendications que vous voudriez porter et au type d'actions dans lesquelles vous pourriez vous engager.
Voyez aussi la rubrique « Agir » de notre site web : http://asso-sentience.net/agir

[Article] La prédation : faut-il intervenir dans la nature ?

Messagepar Elodie » Sam 5 Avr 2014 21:54

La prédation est vue comme faisant partie de "l'ordre des choses", justifiée à grand coup de "c'est la chaîne alimentaire". Notre vision de la prédation repose clairement sur l'idée de Nature. Et l'idée de Nature bâtie en profondeur nos sociétés modernes et est une idée au cœur de tout ce qui est lié à l'écologie.

Puisqu'on ne se lasse pas de radoter, je re-mets un lien vers le texte : En finir avec l'idée de Nature, renouer avec l'éthique et la politique.

La prédation est souvent légitimée du fait que nous ne disposons pas de solutions pour aller à son encontre.

La prédation, est-ce juste ?
Faut-il intervenir dans la nature pour limiter les souffrances qu'elle cause ?


A vos réponses et interrogations !

Avant de vous dévoiler en 2 phrases mon opinion sur le sujet, je vous partage les textes des Cahiers Antispécistes abordant ces problèmes :)

Brian Tomasik, 2009
Devrait-on intervenir dans la nature?

Attention, certains textes sont relativement difficile à comprendre... :/

Oscar Horta, 2012
Éthique de l'écologie de la peur versus paradigme antispéciste
Changer les objectifs des interventions dans la nature


K. Thomson, 1992
A propos de la prédation

Steve F. Sapontzis, 1996
Faut-il sauver le lièvre du renard ?

Bonnardel, 1996
La prédation, symbole de la Nature.

Bonnardel, 1996
Contre l'apartheid des espèces

Bonnardel, 1998
Qui va à la chasse, garde sa place

Philippe Laporte, 2000 -- Site de Philippe Laporte
Si la prédation animale n'était pas inéluctable

André Méry, 2000
Sur la prédation : réponse à Philippe Laporte


--

Mon opinion :
Je pense que la prédation est néfaste du point de vue des prédatés et que si nous avions les solutions nécessaires, je trouverais bien d'agir pour réduire la souffrance des animaux sauvages.
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Re: La prédation : faut-il intervenir dans la nature ?

Messagepar Stan » Sam 5 Avr 2014 22:33

Sans avoir lu tous les articles des cahiers antispé que tu cites, je partage ton opinion sur le sujet. :)
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Re: La prédation : faut-il intervenir dans la nature ?

Messagepar Rémi » Lun 7 Avr 2014 18:12

Sans avoir trop réfléchi à la question (ma foi, nous vivons en ville, et pas en jungle ^^), et sans avoir encore lu les articles que tu proposes, je dirais que j'interviens si le prédateur chasse uniquement pour jouer. Un chat bien nourri qui chasse un lézard devant moi va avoir un lot de câlins qui permettra au prédaté de fuir. Un chat étique que je vois s'en prendre à quoi que ce soit (bon sauf moi...), dans ce cas... je détourne les yeux. C'est comme ça.

Par rapport à Samuel ("notre" chien !) il est actuellement en transition, parce que justement, nous estimons que des alternatives existent pour le nourrir, et que de toute façon, les chiens d'appartement, ça ne chasse pas, à part les balais et les cactus.
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Re: La prédation : faut-il intervenir dans la nature ?

Messagepar Hugh » Dim 27 Avr 2014 14:54

Une petite vidéo merdique sur la réintroduction de loups au parc Yellowstone. Cette idée de cascades ou de réseaux trophiques me perturbe, faut que je me renseigne un peu plus. Il me semble être une légitimation implicite de la conservation des environnements/flore à but humaniste (pardon, quand je dis 'implicite', je parle de l'anthropocentrisme de la notion!) tandis qu'elle est présentée comme une tentative de rendre plus agréable la vie des autres espèces. A priori, il me paraît que ce n'est qu'un changement d'image de la chaîne alimentaire, pour faire semblant d'être plus "scientifique" ou "académique."

https://www.youtube.com/watch?v=ysa5OBhXz-Q
Adieu, ma barbe douce.
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Re: [débat] La prédation : faut-il intervenir dans la nature

Messagepar Elodie » Dim 2 Nov 2014 17:34

Texte, devrait-on intervenir dans la nature

Par Brian Tomasik


Ce texte est la traduction anglaise de Brian Tomasik, «Should We Intervene in Nature?» présenté sur son site Utilitarian Essays.


Traduction par Nathan Uyttendaele.

Résumé. Ce papier a été rédigé suite à une invitation de la revue électronique Pensata Animal concernant la question de savoir si nous devrions interférer avec la prédation naturelle ou pas.

Je commence par une citation du livre River Out of Eden par Richard Dawkins (pages 131-132):

Le montant total de souffrance par an dans le monde naturel dépasse l'entendement. Au cours de la minute qu'il me faut pour composer cette phrase, des milliers d'animaux sont mangés vivants, d'autres courent pour leur vie la peur au ventre, d'autres sont lentement dévorés de l'intérieur par des parasites ; des milliers meurent de faim, soif et de maladies. [...] Dans un univers où règnent les forces aveugles de la physique et de l'évolution, certaines personnes vont se blesser, d'autres vont avoir de la chance, et vous ne trouverez aucune raison, aucune justice à cela. L'univers que nous observons possède précisément les propriétés que nous devrions en attendre s'il n'y a au fond aucun dessein ou modèle, aucun but, aucun mal ni aucun bien, rien si ce n'est qu'une indifférence aveugle et impitoyable.

L'évolution favorise le succès de la reproduction plutôt que le bien-être individuel. Le résultat, comme l'économiste Yew-Kwang Ng le fait valoir dans son article «Towards Welfare Biology: Evolutionary Economics of Animal Consciousness and Suffering», est un monde dans lequel la plupart des espèces ont un grand nombre de petits qui n'atteindront pas la maturité (on compte des milliers parfois des millions d'œufs par saison pour un seul individu d'une espèce donnée). Et même pour les survivants, la vie implique une lutte constante pour trouver assez de nourriture, éviter les prédateurs et vaincre la maladie et les blessures pendant quelques brèves années (ou mois) avant de terminer dans la gueule d'un ennemi ou encore terrassé par un parasite. La douleur est un puissant outil de motivation et l'évolution n'a aucun scrupule à l'utiliser au maximum pour arriver à ses fins.

L'espèce humaine occupe une position privilégiée parmi les autres espèces sur Terre et peut-être dans le cosmos. Tout d'abord, nous faisons l'expérience des hauts et bas émotionnels et des douleurs et plaisirs qui accompagnent la vie animale en général. Nous sommes nous aussi des sous-produits de l'évolution.

Deuxièmement, les humains ont une capacité d'empathie - nous sommes capables de comprendre les états cognitifs et émotionnels d'autres organismes et d'y répondre comme si nous faisions face à ces pensées et sentiments nous-mêmes. Bien que cette caractéristique soit partagée par d'autres espèces, elle ne semble pas être une conséquence inévitable du processus évolutif et son apparition est probablement très rare dans la nature.

Enfin, contrairement à d'autres espèces capable d'empathie, les humains ont à leur disposition (ou tendent à développer) des outils technologiques leur permettant, par exemple, d'acquérir des aliments et de lutter contre les ennemis, mais aussi de directement agir sur le processus évolutif lui-même. Cela pourrait à terme nous permettre de modifier les substrats neuronaux de l'émotion, nous autorisant à réduire la sensation de souffrance, peut-être même à la remplacer par ce que le philosophe David Pearce appelle «des gradients de bien-être». Et même si cela devait s'avérer impossible, les humains peuvent au moins réfléchir aux implications de leurs choix - au sujet des changements environnementaux sur Terre et, spéculativement, au sujet de la dispersion de la vie sur d'autres planètes - en ce qui concerne la souffrance (et le plaisir) qui sera ressentie par les organismes concernés.

Je pense que nous avons l'obligation morale d'utiliser cette position inédite que nous occupons dans l'histoire de la vie pour essayer de remplacer de notre mieux les processus évolutifs - qui mettent surtout l'accent sur le succès de la reproduction - par une approche plus humaine qui insisterait sur ce que ressentent les organismes vivants. Cela signifie, à un moment donné, qu'il faut changer drastiquement le monde naturel et son organisation en vue de réduire les souffrances que tant de ses habitants subissent au quotidien.

Je ne pense pas que la réponse soit de [url=Brian Tomasik]museler les lions pour qu'ils ne puissent plus manger les gazelles[/url]. Une intervention naïve de ce type serait susceptible de causer au final plus de mal que de bien: il y aurait une surpopulation des animaux-proies au bout d'un moment, menant à une terrible famine. En outre, ce genre d'intervention se préoccuperait surtout des grands mammifères, plus visibles, et exclurait des petits animaux comme les souris, grenouilles, poissons, et surtout les insectes qui - s'ils sont sensibles - sont vraisemblablement porteurs de la quasi-totalité de la souffrance sur cette planète. Si l'homme veut contribuer à améliorer le quotidien de la faune de façon significative, il doit adopter une approche plus profonde, celle qui exige davantage de savoir et une plus grande capacité technologique, deux choses qui nous font encore trop défaut.

Qu'est-ce que tout ceci implique pour les défenseurs des animaux? Je pense que la chose la plus importante que nous puissions faire est de promouvoir l'idée que la souffrance animale dans la nature est un grave problème éthique qui mérite notre attention. Cancer, paludisme, violences sexuelles, dépression sont les résultats naturels des processus évolutifs, ce qui ne nous empêche pas de les considérer comme mauvais et de les combattre; nous devrions encourager les gens à réaliser que les cruautés que la nature inflige à ses habitants non humains sont tout aussi éthiquement insupportables - voire peut-être bien plus inacceptables encore que le reste, puisque le nombre d'organismes non humains touchés est considérablement plus élevé que le nombre d'êtres humains sur Terre. En écrivant des articles et des messages sur les forums, en discutant avec des militants et des philosophes, en tenant des conversations publiques, les défenseurs des animaux peuvent contribuer à faire du sort des animaux sauvages une priorité morale de premier plan capable de guider l'innovation technologique, et veiller à ce que les plaisirs et les douleurs de ces animaux soient pris au sérieux avant que les humains ne s'engagent dans des actions qui pourraient accroître le nombre d'organismes vivant sur Terre. Je pense que ne pas agir pour aider nos semblables à l'état sauvage serait une grave erreur. Ce serait ignorer cette possibilité incroyable que nous avons de remplacer cette nature aveugle, sans pitié et indifférente, par le meilleur de ce que l'empathie humaine peut offrir.
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