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Pourquoi « Sentience » comme nom d'association ?

MessagePosté: Ven 23 Mai 2014 22:31
par Elodie
Suite à la discussion de tout à l'heure je créé ce topic.

Le nom de l'association porte le nom de Sentience parce que ce terme inclut le "ressenti" et qu'il renvoit à la vie mentale "subjective". A l'heure actuelle, dans les termes de la physique, il est impossible de démontrer l'existence du ressentis (chez les humaines également...).

Le mot "sentience" inclut la capacité à souffrir aussi bien par les termes "sensations" que "sentiments".

Les enjeux de ce mot sont expliqués dans l'article d'Estiva Réus, Cahiers Antispécistes, Sentience !

La sentience regroupe les concepts de "sensations" et de "sentiments" (eux-mêmes fortement liés au concept d'émotions (la théorie des émotions de bases répertorient la joie, la tristesse, le dégoût, la peur, la colère, la surprise) mais il existe bien d'autres théories....). Donc le fait d'être sentient n'exclut pas le fait d'éprouver de la souffrance ou du plaisir. Ces derniers sont des états dues aux sensations ET sentiments (feeling). Je mets ET parce que j'adhère pas à la théorie du dualisme corps/esprit.

Extrait :
Il est dommage aussi que nous n'ayons pas l'équivalent de l'anglais feeling, qu'à la place nous soyons obligés de choisir entre les mots sensation (chaud, faim…) et sentiment (amour, tristesse…), le premier avec un parfum de « physique », « corporel » et le second avec un parfum de « psychique », « spirituel ». Ou peut-être le problème n'est-il pas tant dans les mots (la racine est bien sentir dans les deux cas), mais plutôt dans la volonté tenace de jouer sur les mots pour attribuer aux animaux une sentience qui n'en est pas une. Une fois, j'ai entendu quelqu'un dire dans un colloque : « les animaux souffrent », puis ajouter, comme pour se rattraper : « enfin, du moins ils connaissent une souffrance purement physique ». La souffrance « purement physique » (par opposition à « psychique » ou « psychologique »), ça n'existe pas, ce n'est pas la souffrance. Les sensations sont des sentiments.


Dans la littérature anglosaxonnee, le terme Sentience a également comme connotation une "sous catégorie de la conscience". Mais la conscience est un concept bien brumeux qui recoupe plein de définitions (conscience de soi, conscience morale, conscience au sens de l'éveil, conscience au sens de "prise en compte", de préférence/volonté (David Chauvet)...).

Sentience, en français est un néologisme et c'est avec la définition que développe Estiva que j'ai envie d'accoler Sentience plutôt que "sous-conscience".

Pour moi la sentience inclut toute de même la conscience au sens de "prise en compte".

J'ai pas grave creusé le sujet mais c'était juste pour alerter à ne pas réduire la sentience à la souffrance.

Voilà, ça c'est une chose. D'autre part, le fait d'invoquer la capacité à souffrir / ressentir du plaisir comme critère moral pertinent dans la prise en considération des intérêts (théorie utilitariste "pathocentriste" de Peter Singer) ou la conscience (théorie des Droits, David Chauvet, surement Tom Regan aussi ?) est un autre débat... C'est pas parce qu'on n'est pas "pathocentriste" qu'on est "biocentriste"...

Bonne nuit !

Re: Pourquoi Sentience ?

MessagePosté: Dim 25 Mai 2014 17:23
par Stan
Intéressant. Oui Tom Regan est bien l'un des premier à parler de la théorie des droits pour les animaux.
Personnellement j'ai du mal à me situer entre cette dernière et l'optique utilitariste, je navigue un peu entre les deux.
Sinon je pense que le débat portait plus sur la citation du diapo en lui-même où la souffrance n'est pas clairement explicitée. Mais bon pour les estivales on s'adresse à un public déjà convaincu donc c'est pas très important.

Re: Pourquoi Sentience ?

MessagePosté: Dim 25 Mai 2014 17:50
par Elodie
Oui, mais citer dans la définition la souffrance c'est donner une place privilégié à cet état et faudrait pas tomber dans "ah ok, donc sentience = souffrance".


J'ai lu quelque chose de David d'intéressant :

Au-delà du simple fait d'éviter la souffrance aux animaux d'élevage ; l'idée de «réalisation du potentiel» des animaux dans leur vie implique quelque chose de positif pour les animaux, contient une critique plus ou moins implicite du fait même de les tuer, y compris sans souffrances. On se bat en France contre le foie gras, au nom des souffrances des canards, mais je crois que nous devons *aussi* mettre en avant le fait que ces oiseaux doivent pouvoir jouir d'une vie non seulement sans souffrances mais aussi positive, pour eux. On en est loin, dans les discours officiels français et même européens sur le sujet !


Avec la sentience, je trouve qu'on va plus loin que la souffrance (qui en plus me parait être aussi un mot à connotation bien "corporel"). Parler de la sentience c'est pour la prise en compte du ressenti (positif ou négatif).

Re: Pourquoi Sentience ?

MessagePosté: Mar 27 Mai 2014 01:06
par Mata'i
Considérer la sentience, ce serait donc admettre le « pathocentrisme » + vouloir une vie bonne et longue pour les animaux ?

Re: Pourquoi Sentience ?

MessagePosté: Mar 27 Mai 2014 06:41
par Elodie
Considérer la sentience
,
comme critère moral pertinent

ce serait donc admettre le « pathocentrisme » + vouloir une vie bonne <strike>et longue</strike> pour les animaux.


Je mettrais pas en plus "longue" qui me renvoit au courant transhumaniste (en soit j'le trouve pas mal, j'aime bien dans ce courant l' anti-naturalisme) qui met tout en oeuvre pour en gros devenir "immortel".

Si tu ne rajoutes pas
"comme critère moral pertinent"
la sentience reste un concept du même ordre que n'importe quel concept : n' "implique" pas quelque chose en éthique. A mon sens.

Ensuite je pense qu'il peut exister plus d'interprétations que cela.

Re: Pourquoi Sentience ?

MessagePosté: Mer 28 Mai 2014 19:42
par Mata'i
Oui comme critère moral pertinent en effet.

Si tu ne mets pas « et longue », ne te retrouves-tu pas en accord avec les welfaristes qui te diront : « cette poule a bien vécu, maintenant je peux la tuer » ? Quand nous utilisons des arguments du type « tel animal pourrait vivre dix fois plus longtemps que sa durée de vie en élevage », ne présupposons-nous pas que la vie vaut la peine d'être vécue le plus longtemps possible (dans de bonnes conditions bien sûr) ?